La poésie est un miroir qui reflète si bien nos émotions, nos passions et nos engagements. Pour qui sait l’apprécier, elle est protectrice voir même salvatrice.
J’admire tellement le poète qui, telle une fine membrane, filtre l’air ambiant, l’humanité, et la complexité du monde pour arriver non sans douleur parfois, à les dépeindre crûment.
J’envie la force et le courage dont ils sont empreints, plus de fard, de faux-semblant ou de demi-mesure, le poète se tourne résolument vers l’ultra sensible, vers l’extra voyance …
Ce poème est fragile comme du verre, d’une sensibilité inouïe, et possède mille facettes scintillantes qui nous offrent tel un diamant, une grande palette d’émotions.
Reste à chacun d’ouvrir les vannes, afin de les accueillir, comme un cadeau de la vie.
J’arrive où je suis étranger
Rien comme être n’est passager
C’est un peu fondre comme le givre
Et pour le vent être léger
J’arrive où je suis étranger
D’où viens-tu mais où vas-tu donc
Demain qu’importe et qu’importe hier
Le cœur change avec le chardon
Tout est sans rime ni pardon
Touche l’enfance de tes yeux
Mieux vaut laisser basses les lampes
La nuit plus longtemps nous va mieux
C’est le grand jour qui se fait vieux
Mais l’enfant qu’est-il devenu
Je me regarde et je m’étonne
De ce voyageur inconnu
De son visage et ses pieds nus
Mais pas assez vite pourtant
Pour ne sentir ta dissemblance
Et sur le toi-même d’antan
Tomber la poussière du temps
Le sable en fuit entre nos doigts
C’est comme une eau froide qui monte
C’est comme une honte qui croît
Un cuir à crier qu’on corroie
C’est long de renoncer à tout
Et sens-tu les métamorphoses
Qui se font au-dedans de nous
Lentement plier nos genoux
Quelle est l’heure de tes marées
Combien faut-il d’années-secondes
A l’homme pour l’homme abjurer
Pourquoi pourquoi ces simagrées
Rien comme être n’est passager
C’est un peu fondre comme le givre
Et pour le vent être léger
J’arrive où je suis étranger