C’est une sensation étrange, mais ce Fils de Park’s arrive régulièrement à modifier insidieusement mes émotions, ma mémoire, mon comportement.
J’ai cette désagréable impression de me désolidariser de moi même, comme enrôlée dans un ballet schizophrénique sans fin. Je danse seule, tout en ayant l’impression d’être deux !
Comment mettre des mots sur cette impalpable sensation, comment décrire ce processus irréversible si différent pour chaque colocataire de Parkinson ?
Essayons, cet exercice de style :
- Je n’étais pas maladroite, je le deviens parfois
- Je n’étais plus colérique, je peux soudainement bouillir comme une cocotte minute sous pression
- J’avais un équilibre physique aléatoire, j’ai appris la haute voltige
- J’étais sensible, je me sens maintenant précaire émotionnellement
- J’étais en perpétuel questionnement, je suis maintenant une énigme
- Je ne me droguais pas, je suis devenue une dopamine addict
- J’avais un sommeil de plomb, il est devenu poids plume
- Je ne connaissais pas l’hôpital, c’est devenu ma seconde maison
- J’avais la volonté de tout maîtriser, j’ai appris l’humilité
- Je profitais de chaque jour comme le dernier, ce dernier est devenu mon présent
- Je pratiquais le sport sporadiquement, j’ai adopté mon kiné et le yoga
- Je dansais jusqu’au bout de la nuit, je voyage jusqu’au bout de la nuit, mais souvent sans danser
- J’étais sauvage, je suis devenue solitaire
- J’étais hyperactive, je me bats maintenant pour devenir contemplative
- Je voulais écrire, peindre, mais j’avais trop de boulot. La création artistique a pris le dessus.
- J’avais la mémoire d’un éléphant, j’ai maintenant celle d’un poisson rouge…
Cette description n’est qu’une ébauche des modifications intrinsèques qui s’opèrent en moi ! Et le résultat, me direz-vous ?
Un joyeux mélange de sensations inconnues parsemé de gags quotidiens…
- Le pot de confiture finit plus souvent par terre que sur ma tartine
- J’ai la démarche d’une girafe sur des échasses
- Je réapprends le vélo tous les jours
- Il m’arrive d’avoir envie de pleurer quand il n’y a plus de fenouil au supermarché…
Même dans les moments les plus critiques de ma vie, j’ai toujours cultivé l’humour et l’amitié, aujourd’hui cela me sauve ! Je me réapprends tous les jours, en prenant du recul et pour y arriver, une grande respiration et…
Un seul mot d’ordre… Rions ensemble, c’est tellement bon !
Anonyme
19 juillet 2012 @ 9h29
C'est parce que fenouil se dit fenkel en néerlandais !
Merci de décrire tes émotions avec tant d'élégance et de talent d'écriture !
Lili Saint Laurent
19 juillet 2012 @ 10h50
Ha c'est pour cela 🙂 !
Merci beaucoup pour ce si gentil commentaire ! Et surtout, merci pour ton soutien et ton amour !! Love and kisses